
Bill Wyman, Charlie Watts, Ian Stewart, Brian Jones, Mick Jagger et Keith Richards au Crawdaddy à Richmond en 1963.
Cinquante ans qu’ils tournent. Cinquante ans qu’ils jouent sur toutes les scènes du monde en évitant, parfois de justesse, le coup de pompe. Les Rolling Stones, c’est un peu le lapin Duracell, mais qui carburerait à la pile au plutonium. Un groupe dont le règne ne connaît pas d’égal dans l’histoire mondiale du rock’n’roll.
D’autant que le groupe indestructible n’était pas forcément parti pour durer. Apparus pour la première fois sur la scène du Marquee Jazz Club de Londres le 12 juillet 1962, les Stones ne sont alors que la énième formation qui fait bouger les Anglais et les Anglaises.

«Rien ne laisse prévoir la fin des Stones. Nous sommes un groupe de types déterminés. Il ne faudrait pas moins que des armes nucléaires pour mettre un terme à un tel enthousiasme.»
Depuis le milieu des années 1950, le pays bat au rythme du rock venu des Etats-Unis, cette musique noire sur laquelle des musiciens blancs ont lancé une OPA. De Manchester à Liverpool, en passant par Bristol et Glasgow, chaque ville compte ainsi un nombre incalculable de jeunes musiciens qui, chaque soir de week-end, font un peu oublier ses soucis à la classe moyenne d’après-guerre. Dans le lot, il y a donc beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
En 1963, les Stones, qui commencent à peine, se heurtent déjà au mur des Beatles qui fracassent les charts. Mais si ces derniers s’inspirent du rockabilly de Buddy Holly & The Crickets (qui va du coup inspirer leur nom), les Stones, eux, puisent aux sources du blues pour retrouver les pépites cachées dans la musique inventée à l’origine par les esclaves.
La légende veut que leur histoire démarre sur un quai de gare avec la rencontre de Mick Jagger et de Keith Richards. Deux amis d’enfance qui se sont perdus de vue se retrouvent à attendre le train. Alors on discute, de tout, de rien, mais surtout des disques que Mick Jagger vient d’acheter. Rien que des plaques de blues, dont un «Best of Muddy Waters» qui intéresse bigrement Keith Richards. Tous les deux sont musiciens. La cash machine des Rolling Stones est lancée. Et (presque) rien ne viendra l’arrêter.
Fin 1961
Brian Jones passe une petite annonce dans le journal «Jazz News». Le guitariste cherche des musiciens pour monter son groupe. Il a déjà l’idée de l’appeler «The Rollin’Stones» en hommage à un morceau de Muddy Waters. Plusieurs postulants se présentent. La géométrie finale de la formation se fixera en avril 1962, lorsque Brian Jones rencontre Mick Jagger et Keith Richards...

12 juillet 1962
Premier concert des Rolling Stones au Marquee Jazz Club de Londres. A l’époque, le groupe est formé de Brian Jones, de Mick Jagger au chant, de Keith Richards à la guitare, de Ian Stewart au piano, de Dick Taylor à la basse et de Mick Avory à la batterie.

14 janvier 1963
Premiers changements au sein du groupe. Le 14 janvier 1963, les Stones jouent dans une configuration qui perdurera jusqu’à l’exclusion de Brian Jones en 1969. Le batteur Charlie Watts et le bassiste Bill Wyman ont rejoint l’aventure. Le bassiste Dick Taylor va, lui, la quitter quelques mois plus tard.

10 mai 1963
Les Stones enregistrent leur premier single chez Decca (qui a refusé les Beatles) avec une reprise de «Come on», de Chuck Berry sur la face A et une autre – «I Want to Be Loved» – de Willie Dixon sur la face B.

10-13 mai 1965
Les Stones enregistrent «Satisfaction», composée par Mick Jagger et Keith Richards. Premier succès durable.

3 juillet 1969
Brian Jones, écarté du groupe depuis juin 1969 (officiellement pour divergence musicale), est retrouvé mort, noyé dans la piscine de sa maison du Sussex. Le rapport de police conclut à un décès accidentel. Mais une rumeur persistante cultive, aujourd’hui encore, la thèse du meurtre. Le guitariste Mick Taylor le remplacera jusqu’en 1974.

6 décembre 1969
Les Stones donnent un concert gratuit sur le circuit d’Altamont, tout près de San Francisco. Les Hells Angels assurent un service d’ordre musclé et poignardent mortellement un adolescent noir de 18 ans. Mick Jagger ne s’en remettra jamais vraiment.
1977
Keith Richards est finalement arrêté à Toronto. Il risque sept ans de prison. Libéré in extremis, il décide de se défaire de ses addictions. Pendant ses années stupéfiantes, c’est Mick Jagger qui a pris en main les affaires du groupe. Un leadership qui satisfait peu Keith Richards. Les deux Stones ne s’adresseront pratiquement plus la parole entre 1979 et 1989.

Les années 1980
Les Stones se brouillent et frisent l’éclatement. Mick Jagger tente une carrière solo en sortant deux albums («She’s the Boss» en 1985 et «Primitive Cool» en 1987). Keith Richards aussi a monté sa propre formation: X-Pensive Winos. Les deux derniers membres suivent le mouvement, Charlie Watts fait du jazz avec le Charlie Watts Orchestra tandis que Bill Wyman se lance dans la production.
1989
Keith Richards et Mick Jagger font la paix à la Barbade autour d’un juteux cachet de 70 millions de dollars pour 50 concerts en Amérique du Nord. A partir de cette date, les Stones ne quitteront plus la route et enquilleront les tournées mondiales.
Les années 1990
Bill Wyman prend sa retraite en 1993. Il est remplacé par Darryl Jones, bassiste de Miles Davis et de Sting. Le groupe sort «Voodoo Lounge» en 1994. Les concerts deviennent toujours plus grands, toujours plus spectaculaires. La machine Stones rapporte des millions.
2005
La tournée «A Bigger Bang» devient la plus lucrative de toute l’histoire de la musique. Elle a été vue et entendue par 3,5 millions de spectateurs et a rapporté 437 millions de dollars. En 2012, les Stones fêtent leurs 50 ans de carrière.
2014
Le groupe qui ne s’arrête jamais reprend la route pour sa nouvelle tournée «14 on fire».